Les érudits musulmans passent en revue les versets coraniques qui traitent du péché originel d’Adam et du salut de l’humanité et en arrivent à la conclusion suivante : Adam et Eve ont bien vécu dans le jardin. Allah leur a dit qu’ils pouvaient manger de tous les fruits désirés, à l’exception de ceux d’un arbre qu’il leur a montré. Lorsqu’ils ont écouté le diable, ils sont tombés sous le jugement d’Allah (imprécis dans le Coran). Ils ont toutefois demandé la clémence de leur Seigneur en lui confessant leur culpabilité, et ont obtenu son pardon. Son péché ou sa transgression fut bien avant qu’Adam ne devienne un prophète disent-ils.

Les musulmans rejettent la doctrine du péché originel. Ils nient aussi que les hommes aient hérité une quelconque nature pécheresse d’Adam. Ils disent plutôt ceci : « Chacun n’acquiert [le mal] qu’à son détriment : personne ne portera le fardeau (responsabilité) d’autrui » (Le Coran, Sourate 6:164) ; « Et au cou de chaque homme, Nous avons attaché son œuvre » (Sourate 17 :13) ; « Toute âme est l’otage de ce qu’elle a acquis » (Sourate 74:38). En affirmant cela, ils ne font aucun cas de la vraie exégèse du verset suivant qui dit : « Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps » (Le Coran 2:35, 36).

Dans l’original en arabe, Allah s’est adressé à eux au pluriel, comme s’il parlait à plusieurs personnes et non juste à deux. Lorsqu’il leur a dit : « Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres », il s’agit d’une forme plurielle ( ihbitu) et non juste d’un duel (ihbita), et il utilise lakum (pour deux) au lieu delakuma pour « vous » (plusieurs). Les érudits musulmans rétorquent cependant que ce pluriel implique une notion de représentation, à la manière d’un discours prononcé pour honorer ceux à qui il est adressé. Même si Adam est digne d’honneur, ce n’est pas l’occasion de le lui rendre.

Ils avancent aussi qu’Adam était le représentant même de l’humanité en ce qui concerne le péché, assertion confirmée par le Coran : « Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres. Et pour vous, il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps » (Le Coran, Sourate 2:37) et le verset suivant dit : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c’est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux » (Le Coran, Sourate 37).

Ainsi donc les érudits musulmans conclurent qu’Adam et Eve après leur désobéissance se sont repentis et ont obtenu le pardon de Dieu, ce qui régla le problème et annula complètement l’idée d’un possible héritage du péché !

Toutefois en examinant de près le texte Coranique, il s’avérera qu’une telle affirmation n’est pas vraie.

Un examen minutieux des textes Coraniques

Ci-après une liste de versets Coraniques affirmant le péché d’Adam :

« Et Nous dîmes : ‘ ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de partout à votre guise; mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes’. Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous dîmes : ‘Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps. Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c’est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux’. Nous dîmes : ‘Descendez d’ici, vous tous ! Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le] suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés’ » (Le Coran, Sourate 2:35-38) ;

« Ô Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse; et ne mangez en vous deux, à votre guise; et n’approchez pas l’arbre que voici; sinon, vous seriez du nombre des injustes. Puis le Diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché – leurs nudités – leur chuchota, disant : ‘Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou d’être immortels !’. Et il leur jura : ‘Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller’. Alors il les fit tomber par tromperie. Puis, lorsqu’ils eurent goûté de l’arbre, leurs nudités leur devinrent visibles; et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du Paradis. Et leur Seigneur les appela : ‘Ne vous avais-je pas interdit cet arbre ? Et ne vous avais-je pas dit que le Diable était pour vous un ennemi déclaré ?’ Tous deux dirent : ‘Ô notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre des perdants’. ‘Descendez, dit [Allah], vous serez ennemis les uns des autres. Et il y aura pour vous sur terre séjour et jouissance, pour un temps.’ Là, dit (Allah), vous vivrez, là vous mourrez, et de là on vous fera sortir. Ô enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. – Mais le vêtement de la piété voilà qui est meilleur. – C’est un des signes (de la puissance) d’Allah afin qu’ils se rappellent  » (Sourate 7 :19-26).

« En effet, Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam; mais il oublia; et Nous n’avons pas trouvé chez lui de résolution ferme. Alors Nous dîmes : ‘Ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu’il vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux. Car tu n’y auras pas faim ni ne sera nu, tu n’y auras pas soif ni ne seras frappé par l’ardeur du soleil’. Puis le Diable le tenta en disant : ‘Ô Adam, t’indiquerai-je l’arbre de l’éternité et un royaume impérissable ?’ Tous deux (Adam et Eve) en mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s’égara. Son Seigneur l’a ensuite élu, agréé son repentir et l’a guidé. Il dit : ‘Descendez d’ici, (Adam et Eve), [Vous serez] tous (avec vos descendants) ennemis les uns des autres. Puis, si jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s’égarera ni ne sera malheureux’ » (Le Coran, Sourate 20:115,117-123).

Au regard de ces versets traitant du péché originel d’Adam, nous en concluons ceci :

  1. La présence d’Adam et Eve dans le Jardin était absolue et non limitée à une certaine période. Le verset dit tout simplement : « Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse.» Si Satan ne les avait pas fait trébucher, ils auraient continué d’y habiter pour toujours avec leur descendance.
  1. Leur présence dans le jardin était conditionnée à leur obéissance complète à Allah, car il leur ordonna de ne point manger du fruit de l’arbre. A ce sujet, le Coran dit : « … mais n’approchez pas de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes.» Une autre version du Coran  dit ceci: « Ne vous approchez pas de cet arbre de peur que vous ne soyez des malfaiteurs. »  Ainsi lorsque le diable les tenta à manger le fruit de l’arbre, leur disant que c’était l’arbre de l’éternité, aussitôt Allah publia un décret leur ordonnant de descendre sur terre.
  1. Le péché d’Adam n’était pas qu’une simple erreur ou incartade, ou ni un simple oubli de leur part du commandement de Dieu leur interdisant de manger du fruit de l’arbre. La réalité c’est qu’Adam chuta et fut chassé du jardin.
  1. Les deux (Adam et Eve) étaient les représentants fédéraux de tous leurs descendants. En mangeant de ce fruit, ils ont désobéi à Dieu, entrainant aussi tous leurs descendants à désobéir à l’ordre divin. Le Coran dit : « Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres.» Si l’affirmation « Et pour vous il y aura une demeure sur la terre » ne s’adressait qu’aux deux, le « vous » aurait désigné un duel (ihbita et lakuma)et non le pluriel comme c’est le cas ici. Quant à l’assertion selon laquelle le verset s’adressait à Adam, Eve et Satan, elle serait une interprétation étrange pour dire le moins, car le verset suivant dit : « Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le] suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés. » Quelle sorte de chemin peut-on espérer que Satan empruntera ?
  1. Il est évident qu’Adam et sa femme ont violé l’interdiction divine en s’approchant de l’arbre défendu. Le châtiment premier qu’ils vont subir est celui de l’inimitié l’un envers l’autre, ensuite la mort. Inimitié veut bien dire inimitié, n’est-ce pas ! « Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps» implique la mortalité sur terre dont la fin ultime n’est autre qu’une mort certaine.

Ainsi, en observant les descendants d’Adam, il est clair qu’ils subissent un châtiment d’inimitié et d’expérience de mort identique à ceux de leurs parents. Cela nous oblige à faire face à deux conclusions : Soit Adam et Eve étaient bel et bien les représentants de leur descendants, et dans ce cas prendre part au châtiment de leurs parents n’est que juste et mérité. Soit Adam et Eve ne le sont pas, et dans ce cas, leur infliger un châtiment pour un péché qu’ils n’ont pas commis serait le comble de l’iniquité et de l’injustice. C’est un argument dérisoire que de penser que la justice divine n’accepte pas de faire agir une personne en lieu et place d’une autre. Comment peut-on contester que la justice divine n’admette pas qu’une personne  paye pour les péchés d’une autre ? Peut-on balayer du revers de la main le fait que nous avons hérité le péché et la culpabilité de notre père (Adam), alors qu’il nous est si facile d’admettre qu’une personne naisse avec une maladie génétique héritée de son père sans que cela ne soit vu comme une injustice de la part de Dieu ?!

Ce serait dépourvu de sens que Dieu décrète : « Descendez (du Paradis)… » et que cela ne s’applique qu’à un concept de pardon immédiat de sa part : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Dieu agréa son repentir car c’est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux. » Comment est-ce possible que Dieu absout leur péché tout en continuant de les punir en même temps ? Comment est-ce qu’il accepta leur repentance sans toutefois les restaurer dans le jardin d’Eden ?

Les hadiths qui parle du concept du péché originel hérité d’Adam 

Le concept de l’héritage du péché originel est confirmé par un Hadith rapporté par Abou Hurayra dans lequel Muhammad a dit: « « Quand Allah créa Adam, II caressa avec Sa Main son dos. Ainsi toutes les âmes qui doivent naître de sa progéniture jusqu’au jour du Jugement, sortiront de son dos. Sous les yeux de chaque être humain II fit une lumière brillante et la mit devant Adam. Adam dit : ‘O Seigneur ! Qui sont ceux-ci ?’

Il répondit : ‘Ils sont ta progéniture’.

Il vit un homme parmi eux dont la lumière l’attira. Adam demanda : ’O Seigneur ! Qui est ceci ?’ Allah lui répondit : ’C’est un homme de parmi les dernières nations de ta progéniture, appelé David’.

Adam lui demanda : ‘O Seigneur ! Son âge est combien d’années ?’

Allah dit : ‘60 ans’.

Adam demanda à Allah : ‘O Seigneur ! Donne-lui de mon âge 40 ans de plus’. Quand l’âge d’Adam fut achevé, l’Ange de la mort vint à lui, Adam lui dit : Ne me reste-t-il pas encore 40 ans ?’

L ’Ange dit : ‘Ne les as-tu pas donnés à ton fils David ?’

Il renia et sa progéniture renia, il oublia et sa progéniture oublia aussi, il se trompa et sa progéniture se trompa aussi. » Rapporté par Abu Dawud (4703), Tirmidhi (3078) d’après Abu Hurayra. Cité par al-Albani dans son recueil authentique (5084)  et dans Takhridj assunna (204-205).

Il y a un autre Hadith qui prouve très clairement la responsabilité d’Adam dans l’expulsion de l’humanité du Paradis : « D’après Abu Hurayra : Le Prophète a dit , ‘Adam et Moïse se sont disputés l’un avec l’autre. Moïse a dit à Adam. ‘O Adam ! Vous êtes notre père qui NOUS A DÉÇU ET NOUS A SORTI DU PARADIS.’ » (Sahih al-Bukhari, Volume 8, Livre 77, N° 611). En vérité ceci enseigne que d’une certaine manière l’humanité partage une part de responsabilité de l’expulsion d’Adam du Jardin.

Conclusion

Le péché d’Adam fut un affront à l’égard de la personne de Dieu. Cet arbre au milieu du jardin symbolisait l’autorité de Dieu sur l’homme. En désobéissant à cette autorité, Adam a en même temps plongé toute la race humaine dans une rébellion perpétuelle à l’égard de Dieu. Seul Jésus-Christ est en mesure de le sauver de cet état.